Premier extrait
Amélie s'éveille sous le grand dôme de Fémicoeur. Le premier tome se termine alors qu'elle fait la fête tard dans la nuit avec ses amis.
En cet instant, je suis seule, debout près de ma paillasse. Un rayon de lune effleure l’oreiller qui garde encore l’empreinte et l’humidité de ma tête. Une terrible sensation d’isolement m’enveloppe. Je frissonne sous un flot de nostalgie. Cette phrase, encore inimaginable il y a peu, jaillit alors de mes tripes : « Je veux rentrer à la maison ! ». Tout cela est très beau… Si déjà, je savais sortir de Fémicœur !
Une longue doudoune doublée gît au pied de la porte d’entrée. Je l’enfile sans perdre une seconde. Dehors, la nuit a fait place à une aurore tristounette. J’aperçois encore le premier quartier lunaire et quelques étoiles qui s’éteignent. Je dois quitter cet endroit. Je tourne donc le dos à la rivière Ora et au tilleul, je pénètre ainsi dans la plaine d’Éden et je me dirige vers le nord. Les contours des Monts de Vénus se dessinent dans la pénombre avec, en arrière-plan, comme une ombre chinoise menaçante, la montagne de Lunité, auréolée d’écharpes de brume. Mes bottines foulent le sol recouvert par endroits d’une fine pellicule de glace. De fines stalactites pendent aux branches des arbres fruitiers et tremblent légèrement. C’est sans doute contagieux, car malgré mon anorak, je grelotte toujours autant. Impossible de me réchauffer. Peut-être est-ce dû à mon rêve de cette nuit ? Je réalise en soupirant que ce cauchemar risque de me hanter longtemps, car les images étaient plus vraies que nature. Comme si les tracas de ma vie conjugale actuelle ne suffisaient pas !
Je chemine, obnubilée par ces pensées. Hier, lors de notre fiesta, je pensais avoir mené à bien ma quête, et voici que ce cauchemar revient troubler mes certitudes.
À l’est, un soleil pâle se lève au-dessus de la forêt de Keurakeur. Sa luminosité peine à traverser le brouillard matinal quand, tout à coup au loin, quelque part sur la gauche, à mi-hauteur de la montagne, un énorme jet de flammes illumine l’horizon. Je reconnais le message de Penea qui, à trois reprises me montre la direction à prendre. Ouf ! Je ne suis pas seule.

Deuxième extrait
Tout au long du roman, Elva, une Atlante enceinte écrit sept lettres à sa fille Chryelle.
Le ciel nous est tombé sur la tête. C’est la fin du monde. Enfin non… c’est la fin de notre monde. Il m’est important de la décrire en quelques mots, alors que tout est encore frais dans ma mémoire. Ainsi, te permettront-ils de comprendre comment cette catastrophe cataclysmique a pu se produire et, je l’espère, ne plus jamais arriver. Car c’est tout bonnement épouvantable !
Du haut de mes deux mètres cinquante, je suis une femme plutôt petite, car la grandeur moyenne des Atlantes est de trois mètres. On me dit jolie avec mon crâne oblong et mon grand front. En tant que Gardienne des Cristaux, je me rasais les cheveux, mais ils ont déjà repoussé. Je suis également Vierge, c’est-à-dire femme à part entière. Je n’appartiens à aucun homme. Je suis libre sexuellement.
Je suis persuadée que tu as été conçue la veille de notre départ de Posséïdonis, notre île bien-aimée. Mon cœur cherchait inconsciemment un signe d’espoir et de continuité face à la peur de l’inconnu. Effectivement, tu es déjà un merveilleux cadeau du ciel. J’en fais le serment : je t’enseignerai l’Amour, le respect du Vivant et notre connexion avec Lui.
Commentaires
1 Pierre F. Le 30/03/2022
annemarieallard Le 01/04/2022